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Interview de Madame Delaygue-Masson

    Bien que la mythologie soit un vaste sujet, il reste certains aspects difficilement élucidables et où Internet et les livres ne suffisent plus. Il est cependant intéressant de faire appel à des spécialistes, comme nous l’avons fait dans le cas présent. Ci-dessous vous trouverez une interview de madame DELAYGUE-MASSON, professeure de littérature, de latin et de grecque au lycée Fabert de Metz ; qui en grande connaisseuse de la mythologie grecque, a éclairé certains points de nos recherches.

 

Judith & Lucile : Bonjour madame Delaygue-Masson, tout d’abord, nous aimerions savoir pourquoi la  mythologie est-elle encore si influente à notre époque ?

Madame Delaygue-Masson : Le mythe remonte à des siècles avant Jésus-Christ, mais il a une portée générale. Il parle en effet de l’Homme et de sa situation ; sa situation par rapport à la nature, et par rapport à la société. En exemple, le mythe d’Œdipe a une portée générale : il n’est pas relié particulièrement à une époque et a été réutilisé par le philosophe Freud, c’est pourquoi le terme existe encore. Il en va de même pour la boîte de Pandore : tous les maux s’abattent sur l’humanité et seul reste l’espoir, il y a donc une portée éternelle et universelle. En ce qui concerne Hercule, ma vision personnelle est que le mythe représente un fantasme humain : celui du héros plus fort que l’homme. L’homme de tous temps imagine un héros digne de vaincre tous les dangers. Ce fantasme, on le retrouve dans toutes les mentalités encore aujourd‘hui.

Je dis toujours à mes élèves que les mythes grecs sont fondateurs de la civilisation car ils nous parlent toujours de nous par rapport aux autres hommes, par rapport à la nature. Le mythe est donc fondateur d’une réflexion par rapport à la société.

 

J&L : Et si la mythologie est toujours si influente, c’est que les mythes ont traversés les époques. Comment pouvons-nous expliquer cela ? Comment est-il possible que certains mythes grecs se retrouvent aujourd’hui dans les expressions françaises par exemple ?

Mme : Delaygue-Masson : Les mythes grecs sont enfaite un héritage. On parle d’héritage gréco-romain. Les textes grecs ont été gardés depuis la Renaissance, recopiés et étudiés par les humanistes qui se sont intéressés à ces mythes, car ils répondaient parfaitement aux questions sur l’Homme et sur les thèmes humanistes.

 

J&L : Intéressons-nous un peu aux expressions françaises d’origine mythologique. Pourquoi aujourd’hui, certaines expressions sont devenues plus courantes que d’autres ? Par exemple, dans le langage courant, l’on peut employer « un travail d’Hercule Â» ; mais on ne dira jamais « tomber de Charybde en Scylla Â», pouvez-vous l’expliquer ?

Mme Delaygue-Masson : C’est enfaite une question de niveau de langue. Il est possible d’employer «tomber de Charybde en Scylla Â» mais pour notre société actuelle, c’est tout simplement compliqué à retenir, parce que les noms sont complexes, de plus, le mythe est difficile à s’imaginer lorsqu’on en parle, et c’est pourquoi cette expression n’est pas rentrée dans le langage populaire. En revanche, « un travail d’Hercule Â» est plus facilement mémorisable.

 

 

J&L : Pour terminer, y-a-t-il un mythe qui, selon vous, est plus frappant qu’un autre, et qui aurait davantage marqué les esprits et notre culture ?

Mme Delaygue-Masson : Je pense tout de suite au mythe de Prométhée. Prométhée se bat et use de ruse contre Zeus afin de donner le feu aux hommes. Le feu est la métaphore de la puissance avec laquelle les hommes vont pouvoir se battre et lutter contre leur soumission aux dieux. Prométhée choisi donc les hommes contre les dieux. Ce mythe a une valeur symbolique, celle qu’aujourd’hui, l’Homme se veut tout puissant.

Prométhée est aussi relié au mythe d’argile de Platon, dans lequel il donne la poterie aux hommes, donc l’art. L’art c’est le début de la civilisation et de la culture.

Les hommes reçoivent donc du héros grec, l’art et la puissance.

Dans l’histoire du mythe, Prométhée est condamné par Zeus à se faire dévorer le foie qui repousse éternellement, par un aigle. Cependant, il est sauvé de cette malédiction par Héraclès.

Je pense sincèrement que Prométhée pourrait incarner l’Homme Moderne : en effet, aujourd’hui, on veut tout avoir et surtout on veut être fort.

L’on peut donc en conclure que Prométhée est un mythe fondateur sur l’homme et la société.

 

Nous remercions chaleureusement madame Delaygue-Masson de nous avoir accordé de son temps pour cette interview et pour avoir éclairé nos doutes et nos questions sur notre thème de recherche !

 

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